Pourquoi notre visage contient-il le "triangle de la mort" ?

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Le “triangle de la mort” désigne une zone du visage comprise entre l’arête du nez et les commissures des lèvres, formant un triangle. Cette appellation spectaculaire vient d’une particularité anatomique : dans cette région, les veines superficielles (veine faciale, veine angulaire) communiquent directement avec des veines profondes de l’orbite (veines ophtalmiques) et, au-delà, avec le sinus caverneux, une grande veine située à la base du crâne. Or ces veines sont dépourvues de valvules efficaces, ce qui autorise un reflux du sang vers le crâne en cas d’inflammation, de pression ou d’infection locales.Concrètement, une lésion cutanée banale du triangle — bouton manipulé, poil incarné, gerçure, furoncle dans le vestibule nasal — peut, très rarement, permettre à des bactéries (souvent Staphylococcus aureus, parfois streptocoques ou anaérobies) de gagner la circulation veineuse puis le sinus caverneux. Cela expose à une thrombose du sinus caverneux (formation d’un caillot infecté), à une méningite ou à un abcès intracrânien. Ces complications restent exceptionnelles à l’ère des antibiotiques, mais leur gravité explique la réputation de cette zone.Les signes d’alarme qui doivent faire consulter en urgence après une infection du nez ou de la lèvre supérieure sont : fièvre, céphalée intense, douleur autour d’un œil, œdème palpébral, rougeur conjonctivale, diplopie (vision double), douleur aux mouvements oculaires, proptose (œil “qui ressort”), diminution de la vision, engourdissement du front ou de la joue (atteinte des nerfs V1/V2), voire paralysie oculomotrice (nerfs III, IV, VI). Le diagnostic repose sur l’examen clinique et l’imagerie (IRM avec angio-IRM ou TDM), et le traitement associe antibiothérapie intraveineuse rapide, prise en charge en milieu spécialisé, parfois anticoagulation selon les cas.Pourquoi le risque augmente-t-il quand on “triture” un bouton ? En pressant, on provoque microtraumatismes et diffusion bactérienne dans des tissus très vascularisés, avec un gradient de pression qui peut favoriser la remontée du sang vers les veines profondes. Le risque est majoré par le diabète, l’immunodépression, une sinusite non traitée ou une infection dentaire maxillaire.Les gestes de prévention sont simples : éviter de percer ou manipuler les lésions dans cette zone ; nettoyer la peau avec une solution douce ; traiter les croûtes/sécheresses nasales (salines isotoniques, baumes adaptés) ; consulter en cas de douleur, fièvre, extension de la rougeur, écoulement purulent nasal, ou atteinte de l’œil. En résumé, le “triangle de la mort” n’est pas une fatalité : c’est le rappel qu’ici, la connexion veineuse directe avec l’intérieur du crâne impose de respecter les règles d’hygiène et de ne pas jouer les dermatologues amateurs. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

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